Récit 13 – Redevenir humain

Récit 13 – Redevenir humain

31 octobre 2020 Non Par Naginder Sehmi

Les robots humains

Grete vient de rentrer de Bruxelles, complètement déçue. Elle a vu le Parlement de l’Union européenne adopter une nouvelle loi destinée à protéger l’environnement et, espérons-le, à réduire la fièvre de notre Terre. En fait, la loi n’a fait qu’augmenter le financement de l’agriculture. Espérant calmer ses nerfs, elle a écouté une conférence donnée par un philosophe français, élégamment vêtu d’un costume chic de couleur orange-jaune. « Redevenir humain grâce à la méditation sans fioritures », annonce-t-il de manière articulée. « Ce n’est pas la faute des êtres humains s’ils deviennent de moins en moins humains », affirma-t-il. « Une quelconque dictature a écrasé et transformé de pauvres humains en robots serviles. Nous ne sommes plus que des rouages et des variables dans une machine infernale sans âme. » Devenant très maussade et méditatif, il poursuivit : « C’est la machine qui détruit la Terre et la base de vie de la société humaine. »

Le retour à la nature

Le philosophe a laissé entendre que l’homme BHG est absolument innocent. Cela a rendu Grete furieuse. Elle grimace, raidit ses mâchoires et murmure entre ses lèvres : « Qui a fabriqué les machines ? Qui est le dictateur ? Qui a mis en place la machine ? »

Les humains ont toujours été des humains, combattant et conquérant la nature. Ils dirigent leur humanisme vers leurs semblables et non vers la sauvegarde de la nature. Ce type d’humanisme n’a jamais diminué. Grete, bouleversée, a haussé le ton : « Redevenir humain n’a aucun sens. Si, retourner à la nature en a. Abandonnez l’humanisme. Ne redevenez pas humain. Retournez à la nature. Soyez comme des poissons et coulez avec l’eau ; soyez comme des oiseaux et volez dans les airs. Arrêtez de dévaster la nature ! » Elle prit une courte inspiration : « C’est la vraie solution. Je me sens engloutie par les ténèbres du moi, I-ness, humain, je ne vois aucune lumière. » Serrant les dents, elle a poussé un petit cri perçant de nature : « Je n’abandonnerai pas !